Boulogne-Billancourt, 21 décembre 2023 à 14:00

Jonquet

VENTE CLASSIQUE

Jeudi 21 décembre 2023 à 14h00 à Boulogne-Billancourt

dont un tableau par Ary Scheffer
adjugé 73 660 €

Ary SCHEFFER (1795-1858)
Portrait de Madame Valentine Delessert
Panneau, une planche, non parqueté
Signé et daté à gauche A. Scheffer 1830
86 x 57 cm
15 000 – 20 000 €

Provenance :
Toujours resté dans la famille du modèle

Valentine de Laborde (1806 – 1894) est la petite fille du marquis Jean-Joseph de Laborde, célèbre financier et collectionneur. Elle est la fille du comte Alexandre de Laborde, homme politique et archéologue. Elle épouse en 1824 le député Gabriel Delessert, issu d’une célèbre dynastie de banquiers.
Peintre de talent, amie des arts, esthète et cultivée, Madame Delessert deviendra en 1836 l’égérie et la maîtresse de Prosper Mérimée, alors inspecteur des monuments historiques. Ce dernier écrivait à Stendhal : « Je suis amoureux fou de la perle des femmes, heureux parce que je suis aimé, très malheureux parce que je ne puis pas prouver mon amour aussi souvent que je voudrais ». Il lui dédia plusieurs de ses pièces et s’en inspira pour certains de ses personnages, comme Madame de Pienne dans Arsène Guillot.
Sous la Monarchie de Juillet (1830-1848), Madame Delessert tient un salon prestigieux, recevant dans son hôtel de Passy les principales figures de la génération romantique dont Adolphe Thiers, Alfred de Musset ou encore la comtesse de Castiglione. On disait de ce salon qu’il était l’un des plus fréquentés de Paris. Ary Scheffer, professeur de peinture de Madame Delessert, y rencontra Eugène Delacroix et Chateaubriand (cf. M. Kolb, Ary Scheffer et son temps, Paris, 1937, pp. 130-131).
Devenue veuve en 1858, Valentine Delessert conserva sous le Second Empire une position mondaine éminente, intime de l’impératrice Eugénie et arbitre des querelles familiales entre bonapartistes et orléanistes. Elle devint la première femme à entrer, en 1846, à la Société des bibliophiles français. Ce fut chez elle que le compositeur Ernest Reyer interpréta au piano, pour la première fois à Paris, des œuvres de Richard Wagner. Un jour, au Palais des Tuileries, elle eut l’impertinence de répondre à Napoléon III qui lui demandait ce qu’il fallait faire pour protéger les arts : « Sire, il faut les aimer ».

Peintre d’origine néerlandaise, Ary Scheffer s’installe à Paris en 1811 et entre dans l’atelier de Pierre-Narcisse Guérin. Il expose au Salon de 1812, alors seulement âgé de dix-sept ans. Il sut d’emblée gagner l’estime et le respect de ses confrères grâce à sa droiture et sa modestie, si bien que Louis Philippe lui confia l’éducation artistique de ses enfants et le choisit comme conseiller en art. Bien qu’il ait reçu une formation académique, il se rangea du côté des romantiques en raison de l’idéal de liberté qu’il prônait.
En 1830, année de notre tableau et de la naissance de son unique fille Cornélia, Ary Scheffer s’installa au 16 rue Chaptal, dans le quartier alors en pleine mutation de la Nouvelle Athènes. Dans la cour de sa maison, il fit construire deux ateliers, l’un destiné au travail de création et à la formation de ses élèves, l’autre étant un lieu de présentation de ses œuvres et également un lieu de réception. C’est ici qu’il recevait chaque vendredi, entre 1831 et 1858, les plus grands artistes de la génération romantique.
La période de la monarchie de Juillet marque l’apogée de la carrière de Scheffer. Ses œuvres présentées au Salon, très bien reçues et achetées par l’Etat et la maison royale, s’inspirent principalement de l’histoire et de la littérature. Les plus grandes célébrités de l’époque, dont Chopin, Liszt, Guizot, Montalembert, ou encore le peintre Vernet, lui commanderont leur portrait. Ainsi, de la Restauration au Second Empire, Ary Scheffer occupa une place centrale dans la vie artistique parisienne.

Ary Scheffer s’éloigne ici de l’esthétique du portrait ingresque : l’extrême douceur qui émane du tableau est caractéristique de son travail. Madame Delessert est représentée de dos, assise gracieusement sur un canapé dont on peut apercevoir une partie, les cheveux relevés lui dégageant la nuque, et le visage légèrement tourné vers le spectateur.
Scheffer se sert admirablement du panneau pour, par ses légers coups de pinceau et son harmonie de blanc et gris, donner de la tendresse et de la légèreté au modèle.


Henri LEBASQUE (1865-1937)
Nu ôtant sa chemise, circa 1934-1935
Huile sur toile
Signée en bas à droite
50 x 65,5 cm
30 000 – 50 000 €

Bibliographie :
Même vue et cadrage que le tableau titré « Le Réveil » conservé au musée des beaux-arts Antoine Lécuyer de Saint-Quentin et reproduit sous le n° 1075 p. 269 du Catalogue Raisonné.