Thanos Tsingos Catalogue raisonné en préparation

Le Catalogue raisonné de l’Œuvre de Thanos Tsingos est actuellement en préparation.

 

 

Tsingos a produit près de deux mille tableaux. Vingt ans m’ont été nécessaire pour retrouver la trace de huit cent toiles dispersées dans les collections privées ou publiques entre Paris, Londres et Athènes.

Ce n’est jamais sans émotion que je vais à l’encontre de l’un d’eux. La curiosité et la joie de la découverte me font souvent avancer des rendez-vous que je n’ai pas la patience d’attendre.

J’ai toujours ressenti ces rencontres comme des moments de pur bonheur, presque d’intimité avec l’artiste. Chaque toile me dévoilant ses sentiments, ses joies, ses peines et trahissant ses conquêtes.

Ce condamné à mort, ce rescapé devenu, mais plus sûrement né peintre, avait choisi d’avoir pour seul guide de sa vie l’indépendance et la liberté.

Diplômé d’architecture, Tsingos dessine des hôpitaux et des maisons à Athènes jusqu’à la guerre.

En 1939, il s’engage comme soldat puis fuyant l’occupation de la Grèce par les Allemands, il rejoint les alliés au Proche-Orient. Dénoncé pour «activisme», il sera condamné à mort. Il attendra deux mois son exécution derrière les barreaux. Le verdict sera commué par la suite à dix ans d’emprisonnement, peine qui fut levée au bout de deux années au sortir de la guerre.

En 1946, il quitte la Grèce pour le Brésil où , sur les recommandations de Le Corbusier, il travaille avec des architectes ayant en charge le projet de Brasilia.

En juillet 1947, il arrive à Paris et rencontre sa compatriote Christine Mavraoïdj qui deviendra sa compagne puis sa femme.

Vers 1949-1950 : Tsingos commence sa carrière de peintre à l’occasion de décors qu’il entreprend pour le théâtre de la Gaîté Montparnasse qu’il a acquis avec sa femme, actrice.

En 1953 : Première exposition personnelle, Studio FACCHETTI à Paris. Le critique d’art Charles ESTIENNE le définit comme peintre  » tachiste « . C’est aussi une peinture lyrique et gestuelle qui transcende la réalité. A la limite de la figuration et de l’abstrait, les sujets se devinent à travers une pâte épaisse, peinture que Tsingos travaille aux doigts , sans pinceau ni dessin préalable.

1954 : Participation au Salon des Réalités Nouvelles.

Sa femme Christine dont il se sépare en 1954 décrit ainsi son travaille : «Tsingos peignait par terre et plusieurs toiles à la fois. Il mettait ses toiles par terre et à côté des dizaines d’énormes tubes de couleur comme un incendiaire qui met le feu à une ville. Mais dans cet espace de tourbillon qu’il provoquait, il ne cessait d’être le maître ; nous autres spectateurs regardions fascinés, mais lui savait très bien où il allait. Tantôt il secouait la toile, tantôt il la renversait complètement, tantôt il la penchait à peine mais quand il avait fini, tout avait pris sa place, tout suivait l’ordre.»

1955 : Exposition Galerie Kléber, Paris

1956 : Exposition Galerie Iris Clert, Paris.

L’artiste est installé rue Henri Barbusse, Iris Clert décrit ainsi sa visite de la grande pièce donnant sur cour devenu son atelier.

«Le spectacle était stupéfiant ! Des toiles maculées de peinture jonchaient le sol, couvraient les murs, envahissaient le plafond. Des morceaux de tubes à moitié vides s’accumulaient dans les coins. Je ne savais où mettre mes pieds».

Tsingos n’employait jamais de pinceaux, il peignait à pleine mains des animaux pleine pâte. C’était «fantastique» et aussi dit-elle «En octobre j’exposerai Tsingos. Le titre de l’exposition sera Micro-cosmos. Tout s’annonce bien mais comme d’habitude Tsingos n’a plus de tableaux. La veille du vernissage, je le trouverai chez lui en train de peindre à toute allure les dernières toiles. Elles sont toutes fraîches. L’ épaisseur de la pâte est telle qu’il leur faudrait des mois pour sécher.»

Le jour du vernissage les invités repartaient avec les pétales de fleurs de Tsingos sur leurs robes.

1957 : Participation au Salon «Comparaison» à Paris. Tsingos expose salle 3 qui est celle des abstraits. En fait ,l’artiste n’a pas quitté la représentation figurative. Ce réalisme lui sert de base. De cette construction d’insectes, d’animaux, de fonds marins , de ports ou de fleurs qu’il exécute, faillit une nouvelle réalité plus informelle et plus violente, presque désespérée en cohérence avec sa perception intérieure.

1957/1958 : L’artiste reste quelques mois à Paris et effectue un premier voyage en Grèce. Il imite une peinture d’arrachage qui consiste à prendre un tableau en pâte épaisse et à l’achever sommairement. Tsingos prend alors une autre toile, vierge, où il apporte juste un fond à l’huile. Puis il presse fortement les deux toiles, celle achevée et celle enduite, peinture contre peinture pour qu’elles s’imprègnent l’une de l’autre. On voit alors apparaître deux tableaux quasiment similaires où l’artiste n’a plus que quelques retouches à effectuer.

1959 : L’artiste expose à Cannes à la Galerie 65. Il passe l’été à Saint-Paul de Vence où il crée de nombreuses toiles qu’il vend aussitôt dans un climat favorable. Cette même année trois galeries à Londres exposent ses toiles : Tooth & Son Gallerys, Hannover Gallery et la Gallery One.

1960 : Exposition personnelle Galerie des Quatre Saisons à Paris. Il présente 250 tableaux, en majorité des fleurs, le traité de sa peinture à changé. Les formes se sont simplifiée. Le motif sur la toile apparaît plus dessiné et plus net. Les fonds ne sont plus mélangés à la composition de l’œuvre mais visent par leur simplicité à une mise en valeur du sujet. Alors chaque ligne, chaque courbe, chaque point du relief apparaît dans la composition comme un élément essentiel et indispensable. A travers ce dépouillement, presque dénuement, Tsingos réussit à faire d’un élément simple une traduction forte et impétueuse en accord avec ses sens et son cœur.

Exposition Galerie Balzac Paris mais aussi dans une galerie d’Athènes ou l’artiste réside de plus en plus souvent.

1961/1962 : Exposition «Galerie d’Arte» à Milan. A force de boire toute sa vie, Tsingos finit par avoir une gastrorragie, ce qui ne l’empêche pas de continuer à se détruire par l’alcool.

1963 : Sa capacité de production s’amoindrit. La galerie Zyogos à Athènes lui organise une exposition personnelle.

1964 : Tsingos vient à Paris pour faire ses adieux à ses amis puis il repart à Athènes. Il espère que la fin le surprendra en travaillant. De cette période peu productive nous sont parvenus quelques tableaux représentant les monuments d’Athènes, merveilleusement démonstratif de l’amour que l’artiste portait à sa terre natale.

1965 : Mort de Thanos Tsingos le 26 Janvier 1965.